mercredi 23 novembre 2016

LA VOIE MAGIQUE ET LE CHERCHEUR SINCERE

                                            
 

HOMO MAGICUS est le fruit d’une longue observation de nos différentes attitudes vis-à-vis de la "VOIE MAGIQUE" en général. Sur cette question, l’attitude du « chercheur » (l'être en quête de la réalisation magique) est pétrie de contradictions depuis la nuit des temps.
Ce dernier frappe à toutes les portes pour entendre la "parole transformatrice", mais il n’est pourtant pas disposé à « écouter » qui que ce soit (ou à pratiquer réellement quoi que ce soit). Il est plein de lui-même, plein de ses plaintes, de ses souffrances et des prérogatives qu'il imagine être les siennes.
Gurdjieff disait que l’homme croit toujours savoir ce qu’il cherche ... mais paradoxalement il se dit perdu. Il arrive au bout d’un certain temps à se convaincre qu'il peut se présenter devant un «Ami spirituel » (je préfère le terme Ami Spirituel à celui de Maître) avec une détresse évidente tout en affirmant en même temps qu'il va bien, oubliant l’impulsion première qui est la cause de sa visite.
Très souvent il vit avec le sentiment frustrant de s’être à nouveau égaré tout en étant membre de plusieurs organisations spirituelles dans lesquelles il perpétue la "singerie" (ou la parodie) du disciple qui progresse. Et en général il se PERSUADE qu’il possède les outils de sa thérapie là où il se trouve.
Tel le magicien de la lame du Tarot, il est fasciné par la profusion des éléments hétéroclites que lui offrent les Ordres magiques. Il est aussi fasciné (hypnotisé) par les livres, les cours, les « initiations virtuelles » qu’il a glanées au cours de sa longue carrière d’errance. Et tout cela le conforte dans l’idée qu’il se suffit à lui-même. Après tout, les « maîtres » n’enseignent-ils pas que l’être humain est doté d’une « âme immortelle », porteuse de toute possibilité ?
 Le chercheur attend une révolution dans sa vie, une révolution dans ses croyances et la fin de ses peurs, mais il passe son temps à les entretenir pour que surtout rien ne change. Lorsqu'on lui reproche le caractère contradictoire de son attitude, il se justifie et lui donne le nom de dialectique, de dynamisme.
Au cours du temps, il arrive à court-circuiter toutes les velléités contradictoires de ses multiples moi, en leur trouvant une cohérence d’ensemble qui lui permet de se dire qu’il est malgré tout en marche. Il est déchiré dans son cœur à la fois par la poussée impérieuse de l’appel à être vivant et par la pression de la peur de « perdre » tout ce qu’il pense être LUI. Et sans une conscience claire de ce mécanisme, ce qu’il entreprend est toujours empreint de cette division. L’insatisfaction le porte toujours ailleurs, car il espère là bas trouver le « ici et maintenant » dont font état les cercles spirituels. Il ne voit pas que ce ne sont pas les stages eux-mêmes ou leurs organisateurs (ni même les Ordres magiques) qui le rendent insatisfait, mais sa quête aveugle et confuse. Il a l’avantage d’avoir conscience de sa détresse mais il entretient par souci de protection, l’instinct de la cacher partout où il devrait la montrer.
Il demande à être vrai et s’affuble inlassablement de masques pour ressembler à l’image qu’il aimerait avoir de lui-même : Il est à la fois maçon, archi-druide, S.I, rose-croix, spécialiste en magie runique, etc. Car dans notre société, être complet c’est « jouer » autant de rôles que possible, et surtout S’IDENTIFIER totalement à ces rôles.
Il en résulte une multiplication exponentielle d’infra personnalités, une tendance à « cajoler » le multiple au détriment de l’unicité. Refuser d’endosser un rôle est une entreprise difficile car nous ne nous définissons que par nos « matricules »: je suis Grand Prêtre de..., Centième degré de..., etc.
En définitive, l’homme qui « cherche » n’a jamais suivi jusqu’à son terme une seule des voies qu’il prétend avoir arpenté. Mais à sa décharge je dirai que son diagnostic est vrai: ces voies pour la plupart sont « mortes » dans le sens où elles ont perdu leur connexion initiale avec le programme (le logiciel spirituel) qui à l'origine était sensé les diriger. Alors si ces "voies" sont autant de cadavres en décomposition, il ne lui reste plus qu'à atteindre le but par lui-même. Pourtant (et ici aussi réside le piège), "qui" en lui-même aspire à plus d’être si ce n’est l’Ego?
Atteindre le but par soi-même est possible mais c'est un chemin semé d'embûches. L'ego aime atteindre les sommets, il est engagé dans l'ascension du "sommet spirituel" ou dans des pratiques visant à donner un sens à "sa" vie. Selon "sa" compréhension de la quête, il peut considérer que l'éveillé est forcément "assis" sur un sommet, "là-haut" et qu'il faut accéder à cette hauteur pour "être son égal", ou alors que l’Eveil est ici et maintenant (il le comprend intellectuellement bien sûr car il a beaucoup lu et singé les maîtres prônant le caractère actuel de la réalisation spirituelle). C'est pourquoi on retrouve toujours le besoin d'égalité dans les aspirations de l'égo, le besoin de supériorité aussi.
Très souvent l'égo "découvre" une VOIE SUPERIEURE à toutes les autres voies. Cela aussi est NORMAL. N’est-il pas UNIQUE, sa quête n’est-elle pas unique ? N’est-il pas dans une société unique, en possession d’un savoir que les générations passées ne pouvaient pas posséder? L'ego veut être l'égal des "meilleurs" et cette égalité est en réalité la revendication d'un statut, d'un titre qu'il confond avec l'éveil lui-même.
Cette fausse égalité se révèle être une quête de supériorité (laquelle est une des formes de la quête de "autre chose, autrement"). Arrêter tous ces faux semblants en donnant le minimum permettant de se prendre en main au bout de 7 années maximum de pratiques est le cadre que se fixe HOMO MAGICUS et la structure temporaire qui suivra.

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